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"Le passé se prélasse derrière nous sans qu'on puisse se retourner."

 

Célor Chapelle

"La souffrance est parfois plus délicate que l'abandon."

 

Célor Chapelle

"Si vivre comme un Dieu c'est vivre comme un homme alors mon choix est fait."

Célor Chapelle

"L'homme est la seule créature qui refuse d'être ce qu'elle est."

Albert Camus

"L’habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même."

Albert Camus

"Dieu lui-même croit à la publicité : il a mis des cloches dans les églises."

Aurélien Scholl

"Miroir"

L'étang brille de plusieurs soleils. La végétation est dense a ses abords et à certains endroits, elle est morte. Des nénuphars flottent, perdus dans les maux de la jeune femme. La barque qui la porte dans son attente est vide.

Le soleil ne brille plus et les ombres s'effacent sur les eaux. Rien ne bouge. Le sol est craquelé autour du petit lac. Dans la barque demeure un voile perdu et une rame usée, seule.

Le soleil revient et lui arrache le dos, ses cheveux en chignon se défont, souffrant comme elle dans sa jupe bleue. Les planches de la vieille embarcation supporte de plus en plus durement son poids, elle est revenue et sa douleur pèse de plus en plus sur son âme. Cela faisait si longtemps que ses pas ne l'avaient pas amenés ici. C'est le bus de 12h30 qui l'a prise pour la ramener sur les flots de son enfance. Il ne l'attend plus, il est reparti. Elle regarde sur la rive les souvenirs de sa sœur depuis si longtemps partie, loin, beaucoup trop loin. Elle a le cœur serré, ses bras qu'elle avait d 'abord doucement posé sur ses genoux se sont crispés. Elle ne veut plus. Elle n'a rien avec elle, pas un sac, pas une provisions, elle est là et ne veut rien.

Le soleil lui brule le cou en lui rappelant comme elle aimait cet endroit. Maintenant, elle ne l'aime plus. Elle est la seule rescapée de l'endroit. Ses souvenirs, depuis si longtemps, oubliés, refluent.

C'était le jour où l'autobus était arrivé avec cinq minutes de retard. C'était le jour affreux de tout les croisement, de tourtes les pertes. C'était le seule jour qu'elle voulait tant oublier et tant préserver.

A ce moment là, elle repensa au chien qui ne voulait plus vivre, ce petit chiot qu'elles avaient recueilli avec sa sœur, ce petit être qui un jour ne supportant plus la misère, s'était laissé coulé dans l'eau. C'était une semaine avant ce jour là.

La jeune femme sens ses épaules se fendre. Sa détresse crie, elle crie si fort que l'ignorer devient impossible. Comment pouvait-elle revivre ça ? Comment osait-elle se l'infliger ?

Elle vit alors ces parents s'approcher de l'eau ce jour là comme ils le faisaient souvent. Les yeux dans les yeux, il se souriaient dans leurs vêtement rapiécés. Ils firent un signe de main à leurs filles. Deux perles à leurs yeux méritant bien plus que cela. Ces deux gamines innocentes montant dans le car qui les amenait à l'école.

La jeune femme ne peux plus, elle veut oublier.

Elle les revoit monter dans la braque, ensemble. Sa sœur a fuit le pays, elle est partie pour perdre toute attache, elle, ne peut pas.

Le car démarrait quand son père pris les rames. La suite, elle ne la connait pas, elle ne la connait plus, elle ne veut plus.

Le car s'en va.

La jeune femme pleure sur sa barque, engloutie dans ses souvenirs.